Qu’êtes-vous devenues, ombres familières, Figures de l’absence, Penchées sur la faïence De ces assiettes mises pour les repas d’hier ?
Cousins, oncles et tantes, Figures de l’enfance, Pour vous y retrouver, souvent, l’obscur me tente, Quand l’amour trop me manque et tombent les défenses.
Que suis-je devenu, Enterrée mon enfance, enfuie l’adolescence, Que ce cœur mis à nu, Dépouillé de ses rêves à la douce fragrance ?
Où êtes-vous partis, Où avez-vous couru, Camarades d’un jour maîtresses d’une nuit, Visages inconnus ?
Figures de ma vie, ombres de la mémoire, Pourquoi venir ce soir, Cortège vespéral, Qui arrête ses pas à ma porte d’or pâle,
Au seuil de mon sommeil, Occultant le soleil, Et criant à mon cœur qu’il est désormais seul Et vous, seule famille, qui m’ouvre son linceul.