Les eaux d’une mer infinie qui renverse D’éternelles montagnes sur le ciel de l’enfer M’apparaissaient soudain comme hostiles miroirs. Fatigué de mon corps et de mes pensers noirs, Je m’asseyais, vaincu, près d’un monde à l’envers, Espérant la lumière, jaillie de l’ombre adverse.
Et longtemps j’attendis, et de jour, et de nuit, La main pâle et diaphane qui viendrait me chercher. Je riais au soleil, et la nuit, j’ai pleuré Sur la mort de la Lune en ses reflets brisée. Le vent de cet automne s’amusait à pencher L’arbre, sur mon épaule, en un doux chuchotis :
« Elle s’éloigne de toi comme s’enfuit la vague, Portée par un courant qui sidère les flots ; Mais tu es son rivage au corps de sable chaud ; Sa crête reviendra s’adoucir sur tes algues, Ses mille mains d’écume à tes mains se joindront, T’habilleront d’amour et te caresseront. »
Je me suis endormi sur la plage du temps, Là où je sais rêver, où ton souffle m’attend. Nul ressac ne saurait effacer tes empreintes : La mort seule oserait empêcher notre étreinte. Poète au bois dormant, j’attendrai le baiser Qui brûlera mon âme au cœur de ton foyer.