Poussés par une main que l’on eût dit de Dieu Tant elle était immense aux yeux des hommes nains, Les flots se déchaînèrent et le monstre marin Engloutit dans sa gueule les enfants et les vieux.
Et des milliers de corps, de l’Inde à Sumatra, Roulèrent comme fétus, emmêlés en fatras ; Et des milliers de mères, regardaient leurs enfants Qui cherchaient dans leurs bras rempart à l’océan.
Et des milliers encore se signaient en pleurant Tandis que des cieux verts s’écroulaient sur le sol, Bouches silencieuses figées devant leur bol, A jamais refermées par la vague – titan.
La fureur de la Terre a déplacé la mer … Une vague a bondi et a giflé le ciel … Menaçant le soleil à la chaleur amère, Teintée du sang des hommes, elle devint vermeille.
Homme, ouvre les yeux, la planète se venge ! Et les mines noyées dans l’eau bleue des lagunes Ne sont rien en regard des sombres infortunes Que ta folie met bas ! Tu es plus bête qu’Ange !
La mer s’est retirée en laissant sur la grève Les âmes séparées de ceux qui vivaient là. Seul le silence crie, l’île de Sumatra Attend en un sanglot que le soleil se lève.