Un soir au sortir d’une africaine échoppe Au parcours bigarré d’une rue interlope Dans la nuit atlantique et chaude de Dakar J’ai croisé une mort qui mendiait au hasard …
J’ai croisé une mort qui avance lentement Sous un voile de honte qui cache les tourments Précédée d’une cloche invisible et aphone Et d’un cri silencieux qui écartait la faune …
J’avançai dans le trou laissé nu par la foule Etonné des caprices de cette sombre houle, Vers les formes diffuses de ces noirs pénitents, Vers les ombres camuses de ces maigres mendiants …
Et comme une prière sortait de sous la robe J’ai tendu une pièce à la main qui mendiait - Je lui donne une pièce mais sa main se dérobe …
Et le temps d’un éclair, d’un merci psalmodié, Serrant moignon de chair du lépreux dans ma main, J’ai croisé un regard qui s’excuse d’être humain …