J’aime l’encre du soir et les reflets de l’aube Qui moirent les étangs de la fin de septembre ; J’aime la légende qui monte des moissons Quand la terre pavane et tombe en pâmoison ; J’aime les chants frêles qui suivent les orages, J’aime les mains de femmes quand elles ne sont pas sages, Qu’on se fasse du bien et qu’importe ton âge !
J’aime les bateaux qui partent et ils sont beaux, J’aime les vallons mollement qui reposent Dans les bras de rivières jolies qui les arrosent ; J’aime le vent sauvage qui arrache les eaux De la mer et les pousse à se briser en meute Contre les rocs ; et l’appel des sirènes qui ameute Les mouettes bavardes en col blanc - au vol lent.
J’aime les étoiles qui sont notre mémoire Dont le chant tout silence fait vibrer l’air du soir, Le soleil d’hiver aux feux mélancoliques Qui rase les pins noirs ; j’aime les côtes d’Afrique Et les bougainvilliers, suivre les flamants roses M’envoler avec eux, m’allonger sur le vent ; J’aime tes seins blancs sur le lit qui se posent,
« Le lit où tout commence, le lit où l’on s’unit Le lit où tout finit », depuis la nuit des temps.