Horizon crucifié, azur écartelé Contre les flancs cruels d'une montagne pelée, Des mains portent la Croix, la Croix porte le Monde, Dans un silence immonde.
Se fane la couleur sur la peau des visages ; La Mort tourne en cage et la Vie n’a plus d’âge. Sous le verre dépoli se cache la misère, La folie des hommes a meurtri l’Univers.
La Croix danse avec nous, elle nous tient dans ses bras, Nous sommes les amants émérites de la mort. Et pourtant elle est bleue et sa lumière est d’or : Quand je te fais l’amour, elle inonde nos draps.
Les bûches de la ville, dans l’âtre de la vie, S’accrochent aux flammes d’un quotidien blêmi, Etincelles bleuies à la Croix de l’espoir, Qui enflamment les cœurs et réchauffent l’histoire.
Ô Croix de nos cités où des ombres se croisent, A la lueur sinistre des yeux des lampadaires ! Ô croix de cécité, au visage lapidaire, Qui se tait dans les nuits où la haine pavoise !
La lueur du Songe erre sur les rues pavées Coloriant de douleur les murs gris délavés, Graffitis de l’ennui sous un ciel aquarelle, Pour embellir l’amour que la mort interpelle.
Mais …
Le souffle de mon amour te couche, les bras en croix ; Nos deux corps se rejoignent dans le jour qui décroît ; Le rêve peut être bleu et la vie, je le crois, Se peindra, grâce à Toi, aux couleurs de la Croix.