Il trouble les reflets qui recouvrent son monde, Fait sillage d'un élan qui bouleverse les ondes Et trace les frontières de sa carte du tendre ; Il noue des entrelacs, se perd dans les méandres
Des amours de surface, sous le ciel vide et nu ; Avance son grand cou blanc vers la terre inconnue. Il joue à vivre un peu et à aimer beaucoup, Caresse son image et penche son long cou.
Il croise dans les eaux de la fidélité Par les femmes et les hommes de longtemps désertées ; Il glisse silencieux, si léger qu'on croirait Une plume, un fétu, un soir du mois de mai.
Mais l'hiver se rapproche et hier je l'ai vu Une dernière fois qui passait en revue Ses amours, ses tendresses et ses espoirs, hélas ! … Avancer lentement dans les eaux qui le glacent.
Et les premier flocons l'ont rendu invisible ; Puis j'ai cru discerner un chant à peine audible Lorsque probablement le piège s'est resserré, Qu'il a jeté au ciel son cri désespéré.
Et sa tête posée sur son aile figée, Ayant vu, ayant cru, ayant enfin chanté Son amour d'une vie pourtant désenchantée, J'imagine qu'il mourut, épuisé de nager.