« Le poète ne dit pas la vérité, il la vit ; Et la vivant, il devient mensonger. Paradoxe des muses ; justesse du poème » René Char
Nuits et jours s’affrontaient sur le parquet du temps Nos mains rampaient à leur rencontre en contournant le monde Le silence effrayé d’une ombre de géant Disait aux sourds l’amour qui monte
Ils eurent peur et firent demi-tour Debout sur leurs doigts gourds ; Et depuis, le monde disparu, Le silence s’est tu.
Etoiles
O mon corps en morceaux, Chaque membre une étoile, Ma lumière sereine est rentrée au berceau.
La Lune
Incurable silence à l’éternelle empreinte Et des mots pour le dire à ta lumière feinte, Comme un morceau de nous qu’une plainte arracha, Comme un morceau de vous que la Terre cracha.
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Jour après jour
Il sortit d’un matin une pousse de rêve qui mourut en un jour Fièvre brève d’amour
Nous courûmes guéris et nos routes perdues Au dédale des rues Ivres de nos mains
Aux bouges immobiles des étoiles ouvertes Nous entrâmes sereins
Dans l’eau pellucide d’un miroir sans tain Nous nous vîmes unis sur une page blanche
Ton silence acquiesça lorsque je pris tes hanches Pour mourir avant l’heure Et devancer demain.
Du matin sortirait une pousse de rêve à mourir en un jour.