Le dernier tango du Titanic
Ah ! Si …
Si l'on pouvait, comme au tango, faire marche arrière
Avec le temps, tout en serrant sa cavalière,
Mains dans les mains, zyeux dans les zyeux, regard de braise
Lèvres entr'ouvertes, pulpes offertes, lèvres qu'on baise
Oh ! oui …
Dans la nuit froide, le Titanic qui nous emporte
Fait arrière-toute malgré les ordres du capitaine ;
La main de glace qui nous attend derrière la porte
S'agite en vain et se referme, vide d'aubaine …
Hé - las !
Dans le salon, sur le parquet, on tangue, on vire,
Tandis que l'eau mêlée de glace se déverse
Dans les flancs vibrant de plaisir du grand navire
Qu'est notre corps livré nu aux sirènes perverses …
Eh - Oui !
Le temps n'est pas, ni un tango, ni quelque danse
Où l'on avance, où l'on recule, où l'on roucoule,
Panier percé que nous tenons ferme par son anse,
La vie s'écoule et par ses trous le bateau coule …
Et - Donc …
Géants des mers, hommes de pierre, femmes de lierre
Colosse de Rhodes, fusées grandioses, titans trop fiers,
Colonnes antiques, bijoux en toc, fétus tragiques,
Vous êtes vains entre les mains du temps cosmique …
A -lors …
Je coule donc mais nagerai jusqu'à la rive,
Je nagerai et je prierai pour que revive
Un seul instant, un seul moment de ce délire,
Dernier Tango d'un Titanic qui se déchire !
Temps -go !
Juin 2002
