Ils aiment, les Romantiques, éperonner le vent, Prendre à témoins les dieux, se trouver nus devant, Farouches, au bord du Lac où s'arrête le temps, Où l'eau mélancolique monte aux yeux des amants.
Ils lancent vers le ciel des poèmes tragiques Des cathédrales sombres dont les flèches gothiques Vont percer les nuages et font couler leurs larmes ; Ils offrent à la nuit leurs joies et leurs alarmes.
Mourant avec le Loup, fuyant avec Cain, Le sable du destin s'échappe entre leurs mains Tendues comme des serres contre les cieux iniques ; Ils meurent de trop aimer… Voilà les Romantiques.
Ils vivent le désert car les cœurs toujours verts Ne cessent de tanguer au gré des caravanes Et laissent derrière eux, poussières dans la poussière, Des pétales de visages qui se fondent et se fanent.
Mais jamais ils n'oublient que l'amour est divin, Qu'un soir, t'en souvient-il ? Tu me pris par la main Pour m'amener à boire aux fontaines de ton miel Ouvertes pour moi seul sur la route du Ciel.
Jamais je n'oublierai, jamais je ne saurai Expurger de mon cœur cette triste allégresse, Cette épine d'amour d'une rose en été Embaumée de désir et gorgée de tendresse.
Car je suis Romantique, je suis de la tribu Des derniers Mohicans, je garde encore le camp, Je suis cet enfant nu sous le soleil levant En quête de nos larmes que le désert a bues.