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Jean-Marin SERRE

Marie-Madeleine

Tendre pécheresse au Sauveur attaché,
Myriam de Magdala qui pleure au Golgotha,
Toi dont la caresse sur ton Maître épuisé
Révèle le Visage de l’Amour qu’on abat ;

Ô femme, première élue, pierre d’angle posée
Sur la terre endormie des cités d’Israël,
Qui n’a jamais trahi, même à l’aube levée,
Qui L’a toujours aimé et L’a rejoint au ciel ;

Tu versais sur Son front un doux parfum d’amour,
Caressais ses pieds nus de tes cheveux de brume ;
Il t’avait baptisée, renversant la coutume,
Et faisant de la Femme la lumière du jour.

Première auprès de Lui, première à Son tombeau,
Première à Son réveil au seuil d’un jour nouveau,
Tu aurais dû, Ô femme, rendre à l’homme son rêve,
Et donner à la femme la place volée à Eve …

Ils ne l’ont pas voulu, la femme est dangereuse,
Elle l’emporte sur l’homme aux accents belliqueux,
Il suffit pour y croire de mourir dans ses yeux …
C’est ainsi qu’ils t’ont faite la Putain du Bon Dieu !

O Marie-Madeleine, je suis de ton église,
Je ne crois pas que l’homme se suffise à lui-même.
Ainsi qu’un grand voilier que pousse avant la brise,
L’homme n’avancera que ta main dans la sienne.


Novembre 2004