Aujourd’hui même je veux vivre Une naissance, un premier jet. Un vent m’aborde, il faut le suivre Lui, l’allegro de mon trajet, Mes pieds dansant et mon cœur ivre !
Buveur de souffles, d’azur cru, Parmi le monde où je le plonge, Mon corps se garde détendu Pour délivrer l’œuvre d’un songe Par le réveil interrompu.
Aujourd’hui même ouvre une chance, Un jardin vierge, à découvrir, Si ne l’encombre par avance Aucune image de désir Dont le feu cache une souffrance.
Sensible au jour qui s’accomplit, Comme un guetteur que rien ne lasse Débusquant le Verbe, inédit, J’en cueille au vol le son fugace Dans un chaos qui m’étourdit.
Aujourd’hui même vit encore En abondance de clarté. La feuille en l’arbre se dédore Reverdissant de faux été Que la saison n’arrive à clore.
Tout fuit. La forme se défait, Le temps s’écoule comme un leurre. A quoi bon tendre vers l’effet, Courir après la dernière heure, Avide, jamais satisfait ?
Qu’aurai-je vu ? Le jour s’efface Et je n’ai fait qu’aller, venir, En oubliant le “ face à face ” ! Il me faudrait un repentir Pour retourner ma force lasse.