Pieds liés aux souliers épais sa marche est lente Et pourtant rassurante en lui faisant lever Ses plantes protégées de manière excellente Et les arpents suivants se font tous enlever ;
A l’approche d’une pourtant visible borne Les pieds habitués croient à l’anxiété De leur homme dont l’œil droit est à moitié borgne Qui pourrait l’égarer de sa propriété.
Mais lui n’a nul besoin de voir où il chemine Puisque ni pierres ni ronces ni hauts taillis Ne peuvent empêcher son esprit qui domine Les embûches les trous les halte-là faillis.
Les kilomètres ne sont que des fils de mètres Ayant enfanté des géants qui font le tour Du monde où sont postés sur leur parcours des maîtres Parfois perchés-cachés au sommet d’une tour.
Layons sentiers chemins rues routes avenues Sont bordés de dangers et semés de pépins ; Ce marcheur n’en n’a cure et ses allées-venues Ne sont moquées que par les porteurs d’escarpins
Incapables d’aller chaussés à marche lente De gros souliers ferrés apeurant le danger Les guetteurs en hauteur la pierre violente Et le roncier mangé par un pied d’oranger.
Chemineau sac au dos les dents serrant une herbe Tes godillots costauds sont de parfaits sabots Qu’use le jardinier évoquant ce proverbe Plus le soulier est gros plus le sol voit ça beau.
Le marcheur nez au vent triture le bitume, Desserre la pierre et roue de coups le caillou ; Le péril est présent partout mais s’accoutume A ce lent passant s’en allant tel un voyou.