La chaleur blanchissait chaque mur du village De pierre chaulée ou nue que rien ne soulage ; L’astre solaire allait, de dards en aiguillons, Anesthésier toits, portes des pavillons.
La torpeur s’étendait jusque dans la cuisine Où les mouches collaient au ruban de résine ; L’air sec ne bougeait pas ; le clocher élancé S’attristait que son coq ne pût se balancer.
Un volet entrouvert filtrait la canicule Pénétrant par un rai clair où la particule De poussière dansait jusqu’au mur opposé En mettant en exergue un tableau exposé.
L’eau stagnait en rivière habitée d’une faune De libellules et de tritons au dos jaune. Dans ce bouillon, crevaient une ablette, un gardon Dans l’indifférence et sans le don d’un pardon.
Un enfant en riant, surgi de nulle part, Courait en dératé, perché sur le rempart, Blessé par un rayon reçu dans la poitrine Reflété par l’éclat brillant d’une vitrine.
Quelques adolescents, au frais sous le lavoir, Phagocytaient le temps sans qu’ils pussent l’avoir En s’aspergeant d’une eau vive, fraîche, Abondante Aussi délectable qu’une glace fondante.
Tout se ralentissait, le village séchait Sur pied, décrépité et un basset léchait Le dos d’un gros caillou roux pris dans une flaque Résistant dans un creux à la pugnace attaque.
La fournaise estivale – ah – n’a pas crié gare En s’invitant avec, au bec, un gros cigare. La mare – elle-même – où s’ébattaient les canards Se protégeait sous un monceau de nénuphars.
Toute ma peau posée sur mes os dans mon dos, Désirait s’apaiser avec des tonnes d’eau Lâchées d’en haut par flots, par baignoires, par douches Luttant contre l’ogresse aux appétits farouches.
A l’heure du dîner, un éclair fendit l’air ; Claqua le tonnerre et ma peau pila ma chair ; La pluie s’abattit et fit monter la rivière ; Le pont se noya et engloutit l’épicière. »