D’où viennent les mots pris entre langue et palais Aussi polis-lustrés que dans l’eau les galets ? Viennent-ils de calculs compliqués, de pensées Concentrées sur des projections insensées ?
Non, il fusent du cœur et vont se déposer En hauteur dans un coin calme et se proposer Aux paroles sacrées ou aux cris du poète Enfermé dans sa caverne d’anachorète…
Pour les utiliser, ce n’est pas difficile Puisque ces chers amis vivent à domicile ; Certains grandiloquents dans le Livre ont migré En arguant vouloir vivre en montant d’un degré.
Mais, la tête est intègre et ne s’occupe pas De ces petits petons marchant à petits pas En préférant de loin réserver un espace A celui sans façon qui salue quand il passe.
Laissons-les donc entre eux et relevons l’affront ! Les humbles mots sont là, étendus sur le front Attendant – énervés - dans un joyeux désordre D’être choisis enfin pour caresser ou mordre.
Ainsi, on les saisit mêlés du sang des veines Irriguant, abreuvant l’amour, la joie, les peines, Les contradictions qui nous perdent toujours A chercher dans la nuit où se trouve le jour.
On les mélange aussi avec le sang qui pousse L’eau salée d’un pleur ou d’une larme trop douce, Le rire sonore capté entre les seins Qui secoue la poitrine et descend jusqu’aux reins.
Et au cœur de nos mots est le sang de nos cœurs Qui transporte malheurs, espoirs, douleurs, bonheurs : Rouge purifié ou bleu souillé de crasse Alternativement vivant de même race.
Il est l’animateur de nos ardeurs très belles Et le consolateur de nos peurs trop rebelles, Le maître de céans de tous nos sentiments Projetés sur écrans, outils de maintenant.