Tout en nous bouge, vit, se déplace et se tend, Se détend, s’entasse, se mélange, s’entend ; De la prime aurore à l’abord du crépuscule, Tout en nous s’agite, se tord et se bouscule.
Nous sommes naturels et l’arbre également A une racine soumise aux éléments ; Et la pluie qui secoue l’eau lisse de la mare Remue bambou, roseau, nénuphar et samare.
Les cratères ventrus remplis d’un magma d’or Enjoignent le volcan qui, depuis longtemps, dort, De vomir, de cracher sur un flanc de montagne La bouillie malaxée dans l’enfer et le bagne.
Les entrailles sont à la terre et à nos corps Livrant des batailles parfois jusqu’à la mort Pour conquérir, peut-être, une à une les âmes Qui s’y sont enfermées pour éviter les drames
En découvrant que même enfoui un abri N’a que la garantie de son fond assombri : Voyez l’intestinal ver jamais immobile, Le renvoi acide propulsé par la bile,
Le sang courant toujours fluide et sans repos Et les bêtes bouchant les pores sous la peau. L’invisible inquiète et sans doute – aussi - gène Quand on le sait marchant même sans oxygène…
Ces bouillonnements et ces bouleversements Annihilent le choix de vrais renversements : Refuser le remous du dessous qui – trop - joue Ou accepter le mou d’une pendante joue.
On est chanceux d’avoir ces combattants, au fond, Prêts à se bagarrer lorsque l’on se morfond ; Que ces chamailleries nous suscitent l’envie De faire pétiller l’eau plate de la vie !