Dans mon salon où de l’ombre s’étale Qu’avec mon pied je tente d’effacer, Ma fleur dans son vase ouvre un fin pétale Sans que je n’aie eu à la déplacer.
Elle se plaît là et discrètement Se tourne vers la vitre où la lumière Habillée avec un clair vêtement Est derrière le verre la première.
Soudain, survient un accident du temps : La clarté vient de heurter un nuage Qui lui rogne une aile en compromettant La beauté liée à son avantage.
Devient, dans le fond, sombre mon salon Comme si j’avais omis son ménage Et j’enlève la toile de dralon Mise devant le poisson vert qui nage
Dans son bocal blanc posé au-dessus De mon armoire en bois de palissandre Sous un tableau bleu de maître déçu D’avoir en rouge peint la queue d’un sandre.
Et je tire aussi le double rideau Pour que passe un cou de lumière blanche Mais le nuage a mis un gros bandeau Sur son front et sur un côté de hanche.
La fleur – patiente - attend le moment De revoir poisson et massive armoire Pour que je puisse bâtir un roman Avec ce que j’ai inscrit en mémoire.
Je compte encore sur le bocal blanc Qui brille tant quand la lumière est vive Et je tâcherai de mon pied tremblant De chahuter l’ombre afin qu’elle vive.
Quant à l’armoire, son bois reste noir Malgré que lâche sa proie le nuage … La clarté, alors, jette un regard noir Sur cet insolent porteur de veuvage.