Le temps n’est pas si loin où je courais parmi Les herbes qui coupaient mes jambes déjà dures. D’entre tous les sapins, j'avais un arbre ami Qui me servait d’abri pour déguster les mûres.
Ce temps enfui ne s’est peut-être qu’endormi.
Somnolent les vergers, les sentiers cabossés, Le barrage au ruisseau clair de terre et de pierre, Les cabanes feuillues aux chênes écorcés, La vache sonnant sa clarine la première.
Ces temps sont-ils allés rouler dans les fossés ?
L’azalée était la reine du monde ancien Et le long pont de bois noir enjambait le fleuve ; La biche avait son coin discret, le daim, le sien Et se retrouvaient à la source qui abreuve.
La ronce de l’allée n’était pas signalée…
La forêt avait des poumons emplis d’odeurs Flottant dans la lenteur d’élégantes fougères Dont l’exquise fraîcheur excitait les ardeurs Des espèces venues de contrées étrangères.
Les cent mille senteurs attiraient les rôdeurs.
Le matin est venu dès l’aube pour nous voir Et la nuit attendit que le regard se ferme ; Le bovin est le même autour de l’abreuvoir Et attend la lente remontée vers la ferme.
Et le thème est toujours : est-il quelqu’un qui m’aime ?
La genèse était là bien avant l’éléphant Et la planète souffle après sa longue course : Si un homme mûr fut un tout petit enfant Le fleuve dans la mer est fidèle à sa source ;
L’harmonie se ressource au ciel dans la grande ourse.
Le début et la fin sont deux épis liés ; Le feuillage du frêne est terne sans racine ; Le tronc des grands sapins constitue les piliers Du temple soutenant la nature assassine.
Ces temps estropiés ont peut-être plié.
Nombreux sont les maillons d’une grande entité Accrochés au présent quand le passé recule ; L’Histoire et la mémoire ont une identité Préparant les humains à des conflits d’Hercule.
Et si la qualité tuait la quantité ?
On peut avoir assez des pourfendeurs d’hier Qui moquaient, agacés, les « aigris nostalgiques » ; Depuis l’antiquité, on sait qu’après l’hiver Les gelées de l’été nuisent aux névralgiques.