Combien de vers écrits pour n’en garder que deux, De pensées enfouies dans nos profonds mystères, De visages d’ennui gris, mornes et austères Faute d’avoir choisi un destin hasardeux.
Se lever le matin, cheminer jusqu’au soir, Embrasser un enfant et la très vieille dame, Prendre quelques instants pour nettoyer son âme Lorsque l’on a croisé un péché dans le noir,
Se hâter lentement en butinant des yeux La fleur laissée en paix au bord d’une rivière Dont le cours supporte qu’au fil de sa vie erre Une feuille esseulée glissant en son milieu…
Voilà qui plaît à Dieu si l’on s’est promené Sans boussole et sans sac, avec son nez, sa bouche, Tous les sens rassemblés venus quand on se couche Donner à la pensée ce qu’on a ramené.
Oui, demain, c’est demain, remettons à plus tard ; N’ayons pas cet orgueil de laisser une trace Sur la terre après le succès de Samothrace ; La grenouille descend, après tout, d’un têtard.
Je viens de décider de ne rien décider ; Terminés les exploits ; je vais jeter mon encre Par-dessus mon esquif amarré à son ancre ; Je laisse aux autres le soin de se suicider.
Allez, promis, demain, je me mettrai à rien ; Il me reste une soupe, une pomme en compote ; Je rendrai visite à Julien, c’est un bon pote Qui écrit mieux que bien : c’est un Baudelairien.