Des morts et des vivants, tout cela qui s’entasse, Visible, invisible, partout, dessous, dessus, Plein de corps bien ou mal nés et toujours déçus D’avoir bu trop d’exquis sans tasse ;
Des vivants et des morts comptés par la police Avec des petites erreurs d’identité ; Des tas de bras formant une grande entité De chercheurs de poux sur peau lisse ;
Des mi-vivants, mi-morts, qui traînent dans la rue Puis qui s’enferment dans les salles des cinés Pour mater des acteurs qu’ils avaient dessinés Quand leur désir était en crue.
Des tas d’os à ne voir que si la chair est maigre Et des torses bombés sous des blousons serrés Qui viennent à sortir pour être repérés Par des filles à l’haleine aigre.
Des qui dansent les slows pour tenir une taille, Des qui vont, qui s’en vont, des qui tournent en rond, Des troncs trop courts, trop longs mais ce ventre girond Au sang suintant sous une entaille…
Et toi, où es-tu, toi ? Dans la force de l’âge Ou dans la faiblesse ouvrant la porte à l’hiver ? Moi, je suis ce chêne qui entend le pic-vert Me trouer un peu le branchage.