Dieu ! Qu’on est malheureux quand le bonheur nous quitte Et pour le ramener, on se fait pardonner De ses folies passées : de sa dette on s’acquitte En coupant le gâteau pour une part donner
A cet ami si sûr qui sut si bien nous suivre Dans tous nos errements, nos erreurs de parcours, Langue pendante, front ridé, rouge oeil, teint cuivre Alors qu’il lui fallut exclure un départ court.
L’esprit veut tout trop vite et le corps s’habitue Au dessert, au fromage et au café-liqueur Avant la valse en queue-de-pie mais l’habit tue Son porteur ingénu qui se voyait vainqueur.
Le bonheur est beaucoup plus exigeant qu’on pense : Le matin, il sourit et le soir il défend De poursuivre ainsi une inutile dépense A chercher en nos seins les restes d’un enfant
Dont les premiers pas sont portés par chaque artère Et par chaque goutte de sang née en dedans Qui court vite et fluide avec un caractère Que n’importune pas une poussée de dents.
Il est bien là depuis notre plus tendre enfance A se manifester quand on lui tend la main Qu’il saisit ainsi qu’un garçonnet sans défense Attentif à ne pas s’éloigner du chemin.
Le bonheur sait souffler sa chaleur quand on pleure Et aspirer le frais quand la bouche sourit, Ne prend pas rendez-vous et quelle que soit l’heure Pour donner la becquée à un cœur mal nourri.
Mon dieu qu’on est heureux quand le bonheur retourne A la maison où il fut parfois maltraité ; Maintenant qu’on le tient, évitons qu’il détourne Les écrits non signés au tacite traité.