Dijon a son grain d’or et le chanoine Kir Accorda son nom à son célèbre breuvage Qui ne provoque pas l’identique esclavage Vu sur une planche à mille clous d’un fakir.
D’or la côte a l’hôte au nez qui sent la moutarde Et les Nuits-Saint-Georges, Givry, Chablis, Pommard Donnent tant à ses joues le rouge du homard Qu’un Parisien à l’œil éteint sur lui s’attarde.
Il n’est pas facile d’habiter à Dijon Dont le nom est déjà tristement ridicule Et qui ne possède pas le moindre édicule Pour passer une envie de sortir son goujon
Il est plus aisé de s’enivrer à Toulouse De l’air de la Garonne où nagent des poissons Savourant dans ses eaux les meilleures boissons Qui rendent la cité dijonnaise jalouse.
Fuyons le vieux Dijon, fuyons le Bourguignon, Mais pour autant n’allons pas émigrer à Lille Qui comme Roubaix et Tourcoing est une ville Où la bière n’est pas l’amie du Sauvignon.
Non et si l’escargot se plaît dans la Bourgogne C’est qu’il traîne et prend son pied sur le cep noueux En bavant sur la feuille au ras d’un sol boueux Près du grain de raisin qui rougira la trogne
Quand il deviendra vin des mignons Girondins Qui apprécient aussi créa, cèpe, lamproie Alors que le gourmet Marseillais est la proie De son appétence aux mulets et aux grondins.
Mais revenons à nos moutons blancs dont la laine Fut peut être cardée sur la place d’Arcy Par les Bourguignons aux joues rouges dont l’haleine Troue le nez tout aussi sensible qu’endurci
Et ira se guérir aux hospices de Beaune Dans cette cité sans charme et sans intérêt D’où il ressortira très frais et guilleret Après avoir sifflé dix litres en bonbonne.
Merci pourra-t-il dire au bon chanoine Kir Qui ne conférait à l’eau qu’un droit de lavage Tandis qu’un blanc Pouilly-fuissé est un breuvage Qui fait rire les clous dans le dos du fakir.