Quand vous me mettrez dans la terre où tout s’enfonce La bonne terre avec pierre racine et ronce Creusez assez je veux descendre vers la paix Comme dans une mer inerte aux flots épais D’où n’est remonté nul nageur à la surface Le dur soleil dissout le roc la terre efface Dans les jardins déserts les chemins d’autrefois La nuit ne monte plus sur la haute terrasse Ah que plus rien d’humain ne vienne jusqu'à moi J’ai souffert de vous tous mon cœur n'est que fatigue Mais la terre sera mon asile et mon lit Elle m’accueillera comme l'enfant prodigue Et mettra sur mes yeux ses lourdes mains de nuit Creusez aux fins que je ne risque pas d’entendre Dans l’abîme clos à vos spectres d’animal Vos piétinements qui ne pourraient me détendre Car je sais qu’au fond de moi je dormirais mal.