Les habitants des prés et des champs sont en fête Et nous le font savoir Ainsi que l’oiseau rouge et la bête parfaite Qui savent recevoir ; Tous se sont habillés d’habits très colorés Et muguet et pervenche Que les gelées – c’est vrai – n’avaient pas ignorés Vont prendre leur revanche. Primevère, ficaire, narcisse, hibiscus Font partie du spectacle Et regardent s’ouvrir les fleurs bleues du crocus En un beau réceptacle. Les pattes recourbées autour de ces beautés Sont à la courtilière Au dos vert et doré brillant sur les côtés Qu’envie la fourmilière. Dix jonquilles se sont rassemblées en bouquet Près d’une taupinière Et observent un geai sifflant dans un bosquet A l’humeur printanière. Dans le grand peuplier, peuplé de nids grossiers Le corbeau freux croasse Et donne la becquée en parent nourricier A l’oisillon vorace. Le soleil a donné son or au forsythia Couvant la violette Qui parfume son pied tout près d’un acacia Maigre comme un squelette. Une demoiselle juchée sur un muret Dit à une jonquille : Ma belle, écoute-moi, as-tu vu le furet Sortir de sa coquille ? Non, ma jolie enfant, c’est un être vivant, Comme toi, mammifère. - Du lait a sa maman ? Dieu que c’est émouvant : J’ai du mal à m’y faire. Et toi, où est ta mère ? As-tu un père, dis ? Quels êtres t’ont fait naître ? - Ce sont deux anges blonds sortis du paradis En ouvrant la fenêtre.