Dieu avec nous, l’Emmanu’el N’a pas voulu que serve Ovide A mépriser le manuel Plein de rien dans un cerveau vide D’un fatras de bric et de broc Empêchant le chant de la brise Caressant le mur et le roc D’entrer dans la matière grise.
Les fringants intellectuels Qui se gaussent de leur science N’ont peut-être pas conscience Que les sujets sont factuels Sentant tableaux, bancs, craies d’école Et bouquins si pleins de savoir Que leur neurone éteint décolle D’un endroit noir qui lasse à voir.
Ils sont casés dans le format D’un grand cadre quadrangulaire Qui comme un casque à jugulaire Qu’à monter ne sert au bas mât.
L’ancêtre dit : l’intelligence Est dans le bout du nez qui sent Là où se trouve l’exigence Du cœur si souvent réticent A se faire tromper par les Détenteurs des meilleurs diplômes Faisant frétiller de ces hommes La langue si bonne à parler ;
L’Emmanu’el, Dieu avec nous Bien que bien nez est de naissance A mettre au sol l’os des genoux De ceux qui sont sans connaissance A part les chants du vent d’autan Et de l’oiseau joyeux et libre Si peu gourmand qu’il est d’autant Soigneux de sa gorge qui vibre.
Qu’il serait bon d’enlever tout : Maths, physique et géographie Et s’emplir du vent du Ventoux Imprenable en photographie.
Qu’il serait bon de s’aérer Le nez la bouche et les oreilles Aux merveilles parties errer Autour des ceps noueux des treilles Au-dessus des monts et des cieux Dans les plaines, sur les rivières Qui sont toutes aimées des Dieux Et des beautés des épervières.
L’espace a de la place et la Maison vide a cuisine et chambre Pour passants, mendiants, ceux-là Qui voyagent même en décembre Et qui savent se recevoir Sans avoir la bonne manière Et qui sont heureux de se voir Tels des renards dans leur tanière. Ils parlent des fraises des bois Des mousserons et des bruyères Et blaguent : avec quoi tu bois Le fromage aux trous de gruyères ? Chez l’un, le passé est chrétien Lui suit le culte israélite Un autre a besoin d’un soutien Avec celui-ci qui milite.
L’Etat-Major d’Em Manu’el ? Viré, l’intellect se délite… Qui dit qu’il est habituel D’être au parti pris de l’ « élite » Qui s’est trompé surtout sur tout Du biface à l’automobile Ayant produit partout partout Un monstrueux monde débile ?
Vite, vite au vide-grenier Les encombrants bouchant la porte A un petit classé dernier Qui sait ce que l’air frais apporte.
Vive la joie du maraîcher Amoureux de l’agriculture Quand sur pieds va se dessécher Un ministre de la culture.
Les mangeurs et les avaleurs De piles de dictionnaires N’ont sans doute pas les valeurs Des paysans très ordinaires Qui leur donnent de bons navets Des courgettes et des concombres Que les penseurs-censeurs n’avaient Pas voulu voir sous leurs décombres.
Le simple n’est pas compliqué Ne sortit pas par Lapalisse Mais – coquin – a-t-il expliqué Si l’âpre n’est par là pas lisse ?
L’orgueil fou du théoricien Rejette bon sens et pratique Quand un poète parnassien Sublime un texte hiératique.
Sur terre et aux cieux Jupiter Arqua son bras avec la foudre Qui n’alla que décapiter Quelques épis de blés à moudre.
Ce divin mythe - ouf - expira Avant que naisse un Dieu céleste Dont le régnant Fils soupira Après une vie très modeste Mais qui sut bien être malin En renaissant dans l’âme humaine Sans soutien et loin du Malin Dont est déjà grand le domaine.
(Les vieux dieux n’étaient que des sots Faisant peur à tout enfant sage Qu’il voit la jambe aux gros cuissots Ecrasant tout sur son passage.)
A mordu le fruit défendu L’affamé de la Connaissance Et le Dieu unique à fendu Son cœur en paix dès sa naissance Qui ne bat plus qu’en maugréant Que l’Eternel veut la souffrance Lui qui ne voulut en créant La vie qu’exalter l’Ignorance Des ennemis : le Bien, le Mal En sacrant Reine l’Innocence Dans le cœur pur de l’animal Ignorant la déliquescence Du comportement naturel Laissant de côté la pensée Associée au temporel N’occupant qu’une âme insensée.
Las ! Le péché originel D’un animal bon fit un homme Qui perdit son corps éternel Quand il osa croquer la pomme Puis remplit ses plis de cerveau De délices là pour comprendre Qu’il vaut un veau ; son beau caveau Saura – costaud - bien l’entreprendre.
(L’intelligent tient bien sa main Guidée par le cerveau dont l’ordre Est de montrer que tout humain Est un veau sans dents qui peut mordre.)
Emmanuel sait-il que Dieu Ne veut un peu qu’il réfléchisse Mais que ses yeux soient radieux Et que son âme ne fléchisse Devant l’éternité des temps Liée avec la main habile A modeler et qui détend L’insensé du monde mobile A fouiller dans tous les recoins Pour être en paix avec lui-même Quand le canard a des coins-coins Que sa cane en basse-cour aime ?