Les quais de Besançon sont tristes sans piéton, Autant que la pierre moderne : le béton Et l’eau basse du Doubs emporte vers la Saône Des branches d’arbres que le froid mord et tronçonne.
C’est que l’hiver est là et le vent et la neige Sont venus avec lui faire un tour de manège Comme à chaque décembre un peu avant Noël Munis de l’habituel ticket du carrousel.
S’ils plaisent aux enfants, ils déplaisent aux grands Qui n’ont pas le nez sur les carreaux transparents Tandis qu’au hêtre le petit sait la faine être Et la pive au sapin : « dis, j’ouvre la fenêtre ? »
Et la mère lui dit de voir à la télé Ce qu’il voit de chez lui : (il me l’a révélé !) ; A l’école, il apprit que Louis sous le chêne Fut un roi qui rendait la justice sans chaîne !
Les parents ne marchent pas sur les quais d’hiver ; Ils veulent respirer la fleur de vétiver Quand les enfants courent dans les rues nues et sales En lançant de la neige aux statues colossales.
Enfants, vous devriez apprendre à vos parents Que les décoiffants vents d’autan sont hilarants, Que le halo de lune allume un ciel de traîne Et tachette de blond le vert tendre du frêne.
Dites-leur que la pluie n’est jamais que de l’eau Qui plaît à votre tête en allant au bouleau, Dans les trous des trottoirs des quais que le pied claque En sautant dans ces lacs pas plus grands qu’une flaque.