Esprit sain, voudrais-tu bien conduire en mon sein Un humble autant que beau dessein Qui solliciterait le fond de ma pensée Enfouie dans le trou d’un puits Où jamais une âme sensée N’en est sortie trente ans depuis ?
L’humble et beau dessein me répondit l’Esprit sain Est d’être aussi parfait qu’un Saint Et par force courage, il te faudra descendre Là où l’eau tarie n’offre un bain Que dans la noirceur de la cendre Venue quand ton feu s’est éteint
Je suis, par mon esprit, je le sais, consumé, C’est mon Dieu qui m’a conçu mais Comment me rallumer quand ne luit plus la braise Dans ce puits où je cuisis frit Après la terrible fournaise Que mon corps racorni souffrit ?
Est tronquée ta pensée, me dit le saint Esprit Dès que ta flamme la surprit… Tu l’as noircie, brûlée, bien pire : atomisée Puis unie en un petit tas Après que tu l’as remisée Dans un gris réduit apostat
Je te redis : descends, montre-toi courageux Bien mieux que les cieux orageux Souffle fort sur ta cendre en partie déjà morte Et un pois de feu jaillira Dans ton sang que l’artère aorte Jusqu’à ton âme conduira.