Comment suis-je arrivé – le nez plaqué à terre - Jusqu’à cette hauteur emplie d’apesanteur Venue d’un espace né d’un monde enchanteur Où le temps permanent chemine avec lenteur ?
Comment ai-je pu sans que mon pas s’accélère Avancer à un rythme étranger à l’humain Ignoré du tempo de l’agenda romain Réunissant hier, aujourd’hui et demain ?
Comment ai-je bien pu voler dans l’exosphère Où la réalité des confins ne vaut rien Qu’une idée soutirée d’un cerveau de terrien Affirmant qu’ils sont nés avant le cambrien ?
Je plane de manière assez spectaculaire Entre la Grande Ourse, les Gémeaux, le Verseau Sur le dos, sur le ventre, au recto, au verso Dans le drap de lin blanc qui couvrait mon berceau !
Les déserts d’ions fins se mêlaient de poussière Que soulevaient mes pieds fumants de vagabond Marchant contre l’hiver, hagard et moribond, A la quête d’un monde où l’air est pur et bon.
Les altitudes sont des altesses princières Trempées de caractère et rient du vieux volcan Qui crache son magma et fait lever le camp Des habitants d’en bas fuyant lave et boucan.
Le trou des Univers boit les eaux, les matières Qu’il avale d’un coup la nuit après le soir Quand la montagne et la campagne sans se voir S’enlacent en s’aimant comme amants dans le noir.
De mon lointain exil, je vois les cimetières Peuplés de corps, alors, où verrai-je la mort ? Mon esprit éthéré nourrira des remords De ne pas sentir dans ma vie de dent qui mord.
Excessif univers plénipotentiaire, Trop pourvu d’étoiles, trop riche, trop puissant, Tu m’accueilles chez toi et en moi tous mes sangs Me tournent, me tournent… attends : je redescends.
Laisse s’étendre mon être tendre et agraire Au fond d’un vallon loin de la tentation Du bonheur passager de l’excitation A grimper les hauteurs de l’exaltation.