Avant l'apocalypse annoncée par Cochet J’émigre décidé dans une forêt vierge Sans savon avec un tissu tenant ma verge Et mon cheval Hery dont je suis le cocher
Dans ma tête est ancrée la fable du cochet Du souriceau et du chat et je prends un cierge Pour voir si par hasard ma huitantième berge Sera la case qu’un Sylvain viendra cocher
Il ne me manque pas de bois pour ma cabane Et mon équidé de ses naseaux chaleureux A l’hiver rigoureux donne un air malheureux Autant qu’un mannequin que vêt Paco Rabane
A la Martinique je laisse la banane Car les fraises des bois me veulent bienheureux Et si le soir me voit un peu moins valeureux J’en appelle à Dieu qui chasse ma peur inane
Des oiseaux m’éveillent par sifflements et chants Après craquements et chouette qui ulule Petits bruits de la nuit de la vie qui pullule Et ces sons pour mon cœur sont vraiment attachants
Je romps l’ancien lien m’unissant aux méchants Ne causant qu’avec la gélule et la pilule Enfermées avec eux dans leur nulle cellule Qu’ils croient ouverte et ils n'en sont que plus touchants
Je ne secoue plus le grelot et le hochet Pour tenter de tromper l’impur que je respire Et si j’ai pu jouer j'ai vu venir le pire Qui me conduit ici même si mon corps chet
J’ai quelque regret des quenelles de brochet Qu’Angèle cuisinait mais j’habite un empire Où je n'entends pas qu'un seul occupant conspire A m’emporter avec de boucher un crochet.