Produire des pages puis en faire un volume En les liant avec un fil d’or ou d’argent Ou de lin ou de crin fait que l’œil noir s’allume Dans le visage éteint d’un pauvre et morne agent.
Ce n’est pas qu’un gendarme est un tout petit homme A cause d’un crâne né à moitié rempli Mais s’il lisait Hugo (au moins un demi-tome) Il serait plus futé pour gagner un franc pli.
Enflammer des mots et les battre sur l’enclume N’est certes pas l’acte le plus intelligent Puisque Rimbaud les a caressés de sa plume Pour qu’ils volent sous les yeux de bœufs d’un sergent.
Pour un rustre, dans un livre vit un fantôme Qui, la nuit, flotte dans un drap blanc assoupli Par l’aïeul qui déjà éprouva le symptôme De l’habit qui fit de lui un spectre accompli.
Il ne s’agit pas de revêtir un costume Pour impressionner un neurone indigent Et ne pas s’attendre à ce qu’une vie posthume Redonne de l’étoffe à l’atome affligeant.
Un artiste élitiste existe à la police S’il trace à sa pensée un sillon si profond Que sa graine fera germer un tel délice Qu’à peine il s’allonge en bouche et comme un rôt fond.
Il sait dessiner le pétale et le calice Avec des mots choisis aussi jolis qu’un lys Et l’offrande de son ouvrage est un supplice A l’ami qui mise sur le kiss d’une miss
En se fichant pas mal de toute la malice Que l’artiste a usée pour installer la fleur En tête du lecteur qui devient un complice En laissant sa milice à son peu de valeur.
Des pages aux mille phrases font un gros livre Mais souvent quelques mots tissés d’or et d’argent Ou de lin, ou de crin amènent un drôle ivre A se hisser plus haut que son rôle d’agent.
La taille et le muscle ne sont rien au grand homme Qui cherche à s’élever en cultivant le fruit Exquis et qui se lit dans un sidérant tome A ouvrir sans bruit et qui en vivant instruit.