Heureux sont ceux qui savent comment vivre Avec peu de choses, peut-être un livre Dans lequel est écrite une façon D’aller voir le soir juste au crépuscule Un Chef d’œuvre avec un C majuscule Le mur bâti d’aplomb par le maçon.
Heureux sont ceux buvant à la fontaine L’eau bleue des cieux précieuse et lointaine Blanchie par le ruisseau vagabondant Ravi d’aller à la bouche assoiffée De la vie qui est partie décoiffée D’un chef plaisant aux cheveux abondants.
Heureux sont ceux battant dans les campagnes Le blé doré à l’abri des montagnes Et qui vont boire un verre de bon vin Rompre un pain blond, couper un blanc fromage Et rire un peu tout en rendant hommage A Mister Yeux dont l’œil bleu est divin.
Heureux sont ceux qui gardent leur jeunesse En traversant leur champ à dos d’ânesse Pour visiter chevaux, bœufs, vaches, veaux Et leur parler d’écurie et d’étable De leur bonne femme qui met la table Avec une nappe aux motifs nouveaux.
Heureux celui qui s’en va dans la vie Sans jalousie, sans orgueil, sans envie Qui prie pour que tous les gens soient contents Les malades, les pauvres et les riches Les tout-petits, amis des tristes friches Qui paient pourtant assidûment comptant.
Heureux celui qui de lui se soucie Et de l’esprit auquel il s’associe En repoussant le serpent de Satan Qui le tente en corps avec une pomme Pour qu’il renonce à sa dignité d’homme Et sans lui dire à quel Mal il s’attend.
Heureux celui qui marie une femme Qu’il chérit en faisant grandir la flamme Qui brûle en lui pour que naisse un enfant Emerveillé par la sollicitude De ses parents emplis de plénitude Dont le cœur pur chaque jour se refend.
Heureux celui qui suit comme son ombre Le guide qui évite le décombre Sans dévier d’un doigt l’étroit sentier Menant à la divine destinée Avec le front têtu, l’âme obstinée Pour que l’espoir se voie dans son entier.