Vos
poèmes

Il était dur comme la pierre
Et se soulevait faiblement
Pris dans les ronces et le lierre
Qui le retenaient fortement.

Cependant, pas plus tard qu’hier,
En me réchauffant devant l’âtre,
Je me redressai et tout fier,
Je déclamai comme au théâtre :

« Du sang rouge gorge sa chair,
(Pulpeuse avait dit le pédiatre)
Et comme à ma mère, il m’est cher
Et son tempo est opiniâtre. »

Mais dans la nuit, lorsque je dors,
Et que je sue d’angoisse aiguë,
Il me réveille et frappe fort
Pour calmer ma crainte ambiguë

Tiraillée entre le rocher
Et le galet du lac des cygnes
Impossibles à rapprocher
Si je ne leur fais pas de signes

Et partagée entre malade
Et mendiant au cœur éteint
Souffrant quand ils vont en balade
Sur le chemin qui sent le thym.

Alors, il bat et je me bats
Pour contrôler la folle vie
Avec ses hauts, avec ses bas
Et quand de l’axe elle dévie.

Mon cœur, je t’aime et tu sais bien
Que je veux aussi que tu m’aimes
Et le monde entier sait combien
Les cœurs humains sont tous les mêmes…

En te comparant à la pierre,
Je me suis lourdement trompé…
Pousse mon sang dans son artère,
Mon cœur, continue de pomper.