Pourquoi craindre la pluie et jouer sous la douche Alors que s’offre la première abondamment Sans siphon, sans bonde, sans le trou qui se bouche Et sans « Tu as fini ? » lancé incidemment ?
Sur un trottoir de Lille ou de Chalon-sur-Saone, Chanter à tue-tête « I am singing in the rain », Les eaux entrées aux os et la peau qui frissonne Secouent de bas en haut estomac, rate et reins.
Ô lavage gratuit à la fraîcheur exquise Qui donne aux habits gris, aux pieds dans les souliers Un avant-goût connu par l’ours sur la banquise Ebrouant ses poils blancs que la mer à mouillés,
Ô rafraîchissement pris sans verre et sans paille, Sans robinet, sans rien que l’endroit d’où tu viens, Considéré à tort comme de la tripaille, Tu es la source d’un temps antédiluvien.
Pas de douche, pas de bain : pas d’eau capturée Mais celle libérée du ciel pour ville et champ Dont la goutte n’a pas été dénaturée Mais louée par celui qui la sent par le chant.