Demain, alité, je serai aussi âgé Que mon père, maire et socialiste enragé Souvent sous un tonneau Contenant du Bordeaux, le vin vieux de la treille Qui met sur ses deux joues une couleur vermeille Et donne à son foie le jaune éclat de l’abeille Par manque de bonne eau.
Ah ! rester petit pour ne pas devenir grand Et s’installer à la table du premier rang En écoutant le maître Nous apprendre l’histoire et le calcul mental La géographie où croît la fleur de santal Et la morale étant l’élément capital Qu’un sage doit admettre.
Ne pas vouloir grandir pour éviter le pire : Le mal dire et le bien mal agir sous l’empire De la mode du temps Où le poète vit dans une maison vide Où entraient le printemps, l’été, l’automne avide De mordorer l’hiver à la face livide Quand la neige s’étend.
Non, je ne serai pas socialiste enragé Le sourcil en accent circonflexe outragé Mais serai libre et ivre Du parfum authentique émis divinement Dans mon cœur qui dira et sans contournement Aux enfants déjà grands que leur Père ne ment : Il l’a dit dans un Livre.