Ils ne sont pas bien nés ; la mère a le fémur Aussi court que la dent dans sa bouche isolée ; Malgré ses trente années, son visage fait mûr Et son aînée Anne-Lise en est désolée.
Ils ne sont pas bien nés ; le père a fait le mur A l’armée alors qu’il était deuxième classe ; Malgré ses trente années, son crâne est aussi dur Qu’au jour premier de sa préparatoire classe.
Ils ne sont pas bien nés ; les parents sont sans foi Et se toisent le soir sous l’œil froid des disputes ; Le père, un ouvrier, pour la troisième fois A chanté : « Ma Jeanne, tu vaux moins que dix putes. »
Ils boivent tous les deux de l’absinthe et du vin Et font téter bébé au goulot de la bière Qui donne au dernier-né un mufle de bovin Faisant le désespoir d’Anne-Lise et de Pierre.
Les coups sont violents et papa perdit l’œil Par la dent que maman possède à sa fourchette Et sa langue lança « j’embellirai le deuil Si tu crèves tout seul au fond de ta couchette. »
Depuis, le père a pris la carte du Parti Et la mère est tombée dans les bras d’une secte ; Bébé boit du Brandy, petit Pierre est parti ; Anne-Lise étudie les vertus de l’insecte.
Ils ne sont pas bien nés et leurs parents non plus Qui n’ont pas eu le nez de naître par le rire Mais par les cris et ils ne se sont pas complu
Dans la vie où quasi tout doit être à proscrire : Le sourire et la joie surtout quand il a plu Et quand le soleil vient – fier - se faire décrire.