Ils se sont arrêtés et voyaient qu’ils vivaient Bien qu’ils ne marchaient plus sur la grande avenue Et ont pensé qu’était venue Une heure molle devenue Dévêtue du temps qui dort auprès des chevets.
Ils se sont arrêtés et ont vu que leurs pieds Longtemps après fumaient sur la bande roulante Et ont su que leur marche lente Qui caresse en douceur leur plante N’est pas le feu méchant consumant les papiers.
Ils se sont arrêtés et virent que leurs yeux Se posaient à coté d’une maison coquette Surmontée d’une girouette Aussi vive qu’une alouette Tournant grâce au vent et chantant Dieu dans les cieux.
Ils se sont arrêtés et pourtant tout bougeait Jusqu’aux gaz emplissant les ballons dans le ventre A la voix pareille à un chantre Qui entre et qui se situe entre Mésange, rossignol, pinson, merle, hibou, geai.
Ils se sont arrêtés leur cœur continuait D’envoyer du sang dans la veine et dans l’artère Et cependant assis par terre Ils sentaient que leur ministère S’agitait sans qu’un coup de fouet s’atténuait.
Ils se sont dirigés vers l’isolée maison Surprise de cette visite inattendue Qui leur offrit son étendue Et son âme s’est entendue Avec ces garçons qui mêlent cœur et raison.
Enracinés là, murs, toit, plancher, peaux sur corps Se sont mariés et regardaient l’avenue Trafiquant l’aller la venue Des chercheurs de la bienvenue Que peut leur donner la vie avec leur accord.
Ils ont posé leurs pieds sur les fondations De la maison hantée par la simple existence Ecartant largeur et distance Et dont la seule subsistance Est la joie nourrie par ses trépidations.
Ils ont tout arrêté ; la demeure avant eux Savait que c’est ici que la vie est heureuse En consolant l’âme pleureuse De son amitié chaleureuse Qui tient les mains quand l’air serein devient venteux.
Sans déplacement, sans souci de Kazakhstan Sans vouloir s’envoler pour Paris ou pour Rome Se peut repousser le syndrome Du rêve de l’aérodrome Où un biplan attend quand le temps se distend.
Pompages du cœur, eau, urée, sueur et sang Jouent à nous amuser ; dans tous les sens ça danse ! Sans vétiller sur l’abondance La vie a un espace dense Où portes, toits, peaux, mains, murs sont effervescents.
Occupants et abri yeux ébaubis regardent Les pieds fumants, les roues roulant sur l’avenue En pensant dure la venue D’une heure molle devenue Dévêtue du temps que les immobiles gardent.