Ils sont ronds, carrément ronds et longs Entre la bouteille et la soupière Traits marron au-dessus et très blonds Et font des étrons qui vont sous Pierre.
Ces miches, ces boulots, ces pains sont Des fils de blé, d’avoine et de seigle Convoités par le bec des pinsons Et volés sous l’aile du bel aigle.
Pierre sait tout mais ne sait pas ça Et croit que seul son gros noir se broie Alors que la vie du grain passa Dans des dents mais faut-il qu’il y croie !
Tournesol, avoine, seigle, blé N’ont rien à voir avec la baguette ! Non, jamais le pain n’a ressemblé Aux tiges que l’oiseau là-bas guette.
Et pourtant, lui dit un boulanger On en fait fine de la farine A pétrir, à cuire et à manger Pendant que s’ouvre en grand ta narine.
Le Pierre n’en est pas revenu : Le bâtard n’est pas né en usine ! Et ne veut qu’un petit revenu Pour trôner au sein de la cuisine…
Bien en chair ces blonds longs ronds bâtons Donnent du consistant à la selle Et sont si bons que nous nous battons Pour eux bien mieux que pour la vaisselle.