Ils sont petits, gros comme un quart de poing : Où se cachent-ils ? On ne les voit point. La maman qui sent monter une angoisse Sait que la maison lui porte la poisse. Déjà, l’an passé, le père est parti Pour une soirée avec le Parti Et quand il tomba – saoul – dans la rivière On le ramena sur une civière. Sa bouche était bleue, son visage blanc Ses mains tremblaient tant que c’était troublant ; Le médecin dit : sa tête est chenue ; Le gendarme dit : elle m’est connue ; Il ne portait ni chapeau, ni béret Et se moquait bien de son intérêt. Le noyé mourut à une pleine heure ; Dieu le secourut juste avant qu’il meure. Il fut enterré on ne sait plus où Près d’un arbre à gui où venait du houx. La mère alla voir un matin d’automne Au cimetière où le mort se cantonne. Elle découvrit la tombe et creusa Puis sortit le corps et d’un coup gueusa : Vieil affreux, salaud, qu’as-tu fait des pièces Qui mettaient mon cœur dans mille liesses ? Elle les trouva, cachées dans l’ourlet De son pantalon de lin violet Et les rapporta, Gisèle, chez elle Dans un lieu secret cherché avec zèle Et qu’elle oublia : « elles étaient là ! On les a volées ! » Elle s’affola… Dix sont en or fin et l’une est en bronze ; Elle avait compté : six et cinq font onze ; Oh ! les petits sous, ces chers petits sous Qu’elle cherche ici, dessus et dessous La chaise et la table… Allô la police, La gendarmerie ; je suis au supplice : Hier, c’était le père, aujourd’hui, l’argent, Que dois-je faire, cher monsieur l’agent ?