Je ne suis pas mesquin j'ai des sillons au front Que j’ai creusés sans peur de devenir adulte Avec le souci de rester fidèle au culte Ordonnant au croyant frères au pauvre offrons
Donnons notre meilleur sans l’œil baigné d'un pleur Et tant pis si à nos intérieurs il en coûte Puisqu’il est dit d’être en permanence à l’écoute De l’indigent sans en appréhender l'ampleur
Dimanche langue de bœuf je mange ou poulet En pensant qu’un plein de faim attend à ma porte Peut-être et entrez je dis même s’il m’apporte Une quantité de puces et de pou laids
Il n’est pas animé d'un esprit fainéant Mais il ne vit pas de lumière sur sa route Et c’est chez moi qu'il croit qu'il va casser la croûte Comme si bonnement c’était un fait néant
Ma poule sans vouloir un poulet m’a pondu Que je tortore avec un Cahors un peu jeune Et me torture l’âme avec qui je déjeune En criant as-tu au mendiant répondu
Mais oui ma vie cachée à moi sait raconter Ce qu’elle vit depuis ma première jeunesse En trayant les pis de la vache et mon ânesse Sait qu’une giclée de lait ne sert à compter
Je clame le partage aussi j’endors mes sons Quand le seuil est franchi et que la table est prête Et le dernier que je reçois déjà s’apprête A me quitter c’est mon ami Jean d’Ormesson.