Tu es le premier de l’année, janvier A te présenter ; on peut envier Ta capacité à ne pas te plaindre Du mois précédent qui a du contraindre Le jour à devoir peu à peu s’éteindre.
Ton esprit pousse la nuit et s’installe Petit à petit dans la grande salle Où sont allongés, assis ou couchés Tous les éléments fort effarouchés Par les froids d’hivers qui les ont touchés.
Mais si la clarté est ton apanage Tu ne franchis pas les mers à la nage Car si tu fêtes le premier de l’an Tu n’accélères jamais ton pas lent Pour voir le printemps cultiver ses plants.
Tu ne prends pas soin des petits oiseaux, Des fouines enfouies cachant leurs museaux ; Chacun te ressent comme un mois sévère Et chacun pense « mais il persévère A couvrir l’hiver sur la primevère. »
Vêtu d’une armure en acier glacé Tu fends le sol, le doigt violacé Avec la fine lame de la bise Qui a pour seule et unique devise : Percer l’âme pour qu’elle poétise.
Janvier, pourquoi donc t’a-t-on inventé Alors que ton nom n’est guère vanté Par tes opposants ? Mais la neige tombe Sur les chemins creux et donne à la tombe Un manteau aussi blanc qu’une colombe.