Je me fiche pas mal du soleil de midi Ainsi que de celui qui se réveille à l’aube Car je crois ce que mon véritable ami dit « Que te chaud qu’il ait mis sa jaune ou blanche robe ? »
Est-il vraiment vêtu ? Je le vois toujours nu Quand il me montre sa pleine figure ronde Où je cherche ses yeux… M’aura-t-il reconnu Une fois venu quand je l’insulte et le gronde ?
Oh ! Je sais, vous pensez : comment ne pas aimer Ce qui change l’argent en or, en bronze, en cuivre Et apporte au printemps qui vient de se semer La chaleur de son front qui fait fondre le givre ?
Mais, mes amis le gel et la neige et le froid Ne m’accablent pas de coups sur ma tendre joue Et les trois unis sont incontestés les rois Qui donnent de la joie avec laquelle on joue.
Oh ! Je sais, vous pensez : comment peut-on jouer Quand ces gaillards sont les maîtres des apogées Et que seul un Dieu dur ne put que les louer Dès que les nuées par eux furent arrogées ?
Ces tueurs sont vecteurs d’une douce chaleur - Ignorée par le feu de l’extrême fournaise Attaquant sans vergogne une pauvre pâleur - Qui rafraîchit la peau brune camerounaise.
Laissez des Sibérie, même un petit Moscou Accueillir à l’année cette trinité sainte Qui ne fait pas de mal à la nuque et au cou Et qui veut rester vivre, ici, dans cette enceinte
A des lieues des étés, de Rabah, de Tanger Où les soleils sont les ennemis détestables Des nez enfarinés connaissant le danger Eprouvé par les peaux rousses non thermostables.
Je me fiche pas mal de cet astre du soir Dont le sang tant brûlant se répand sur la lande ; Je rêve de Norvège où je pourrai m’asseoir Dans sa neige éclatant de cristaux en guirlande.
Je respecte le gel et la pluie et le froid Et méprise un soleil né pour que son rai grille Qui de surcroît se voit en petit roi qui croit Qu’on ne l’enfermera pas derrière une grille.
Je me fiche pas mal de cet omnipotent Incapable de boire une ombre sous ma table Et en s’approchant du soir, lent, ventripotent, Il descend en suant un sang épouvantable.