Je n’avais pas cru que j’eusse pu y prétendre Et pourtant, décidé, je m’étais octroyé Un sommeil écourté au milieu d’un pré tendre Qui m’avait laissé un espace inemployé.
En vérité, je dus, forcé, coexister Avec deux pissenlits et une primevère Si hostiles qu’il me fallut bien insister En leur chantant une ballade de trouvère.
A mon réveil, le ciel, tout à coup, se voila Et je vis les mufles d’un veau et d’une vache Soufflant chaudement sur mes pieds et puis voilà Que je sentis la peur me friser la moustache.
Je n’aurais jamais cru que j’eusse pu courir Aussi rapidement en quittant cent brins d’herbe, Trois fleurs et deux bovins qui m’auraient vu mourir Sans que j’eusse eu le temps d’inventer un proverbe.
