Je sens depuis longtemps mon futur dans mon dos Me retenir par des ados en commandos Et devant moi mon passé est un coffre Plein de bijoux rouillés, de médaillons gravés, De photos délavées, de dessins aggravés Par l’acidité : voilà ce que j’offre !
Parfois, je me retourne et vois mon avenir Me narguer en riant : « que vas-tu devenir ? Vois comme je te tiens : ma main est ferme ! » Ce n’est pas un soldat, un ancien du Tonkin Qui me parle d’Asie, de Mao, de Pékin Et je n’ose pas lui dire : hé, la ferme !
Je suis encarcané entre avenir, passé Contraint et prisonnier, par le fait dépassé ; J’ai jeté la clef – un jour de gelure - De ce coffre empli de souvenirs si mauvais Sauf d’une fleur séchée au pétale mauve et Mon pleur pendu à l’œil peine à conclure.