Je suis beaucoup plus vieux que mon ami Ali Qui depuis tout petit habite le village Avec ses deux parents venus du sud Mali Et du nord Somalie désertique et sans plage
Il ne sait pas et ne veut pas savoir quel âge Je peux avoir ainsi qu’Abdul de Kigali Qui comme lui a la couleur de son pelage Aussi jolie que les filles nées à Bali.
Chacun parle assez bien la langue de Voltaire (Pas celle de Flaubert ni de Chateaubriand) Et ne nous vient jamais une envie de nous taire Même à l’écoute d’un air de Dany Brillant.
Abdul est accroché aux sons de son hameau Moi c’est la musique tzigane et hébraïque Inch’Allah dit Ali je préfère Rameau Galamment installé dans une Inde archaïque.
Nous sommes trois liés ainsi que les cyprès Qui jouent à montrer au printemps leur robe verte Et se tiennent serrés et se voient de si près Que l’un ne fait pas de l’autre la découverte.
Le soir nous évoquons les rites ancestraux Qui se perpétuent dans chaque terre natale Nous ayant vu grandir entourés de vitraux Ou par de blancs carreaux dont la vue est fatale.
Ce matin, mon aurore a du mal à percer Un ciel gris tristounet levé dans un nuage Et j’ai du mal à mes illusions bercer Par les bras d’un bon temps qui va tourner la page
Dans un coin de jardin où ciboulette et thym Sont nos ingrédients de base alimentaire Abdul creuse en voyant que devient brun mon teint Là où je veux que mon ami Ali m’enterre.