Jouirons-nous jusqu’à la fin des temps En prétendant que cela nous détend ? Ne savons-nous pas que la jouissance Est l’ennemie jurée de la puissance ?
Eveillons-nous à l’aube du matin Dans des draps purs de lin ou de satin Et ouvrons la fenêtre à la colombe A la blancheur à laquelle on succombe.
Ecoutons et chantons avec l’oiseau Se balançant léger sur le roseau Et tournons vers le nuage un visage Eclairé par la lumière du Sage
Prions dieu qui a fait naître le jour L’eau et le feu et le soir pour l’amour Demandons-lui un cœur propre et sans trace Afin d’aimer sans souci de la race
Respirons la bonne odeur de la fleur Et laissons la rosée perler son pleur Repassons l’âme après son nettoyage Et endossons-la pour un beau voyage
En suivant le chemin sans buissons Sans l’épine qui pique les frissons Puis couchons-nous dans un champ de blé tendre Où seulement le vent peut nous entendre
Murmurer je veux te remercier Dieu de bonté opposé au sorcier Qui me guérit avec une prière Dont la force est celle d’une guerrière,
Délivre-nous du désir de jouir Des faux soleils nés pour nous éblouir Couvre-nous d’un habit de laine brute Juste avant de monter la pente abrupte
Pour repousser les ombres du démon Détachées sur les apogées des monts Drapées dans le secret qui tente et hante Autant que la voix du fausset qui chante.
Fais-nous jouir de ta création Des plaisirs de la récréation Quand la joie simple avec la joie se lie Et que rit un pleur de douce folie
Eloigne de nous la tentation De la vaine et trouble excitation Et dissuade-nous d’aller à l’acte En signant de ta patte blanche un pacte
Sommes-nous des hommes faits pour jouir ? Ne vaudrait-il pas mieux se réjouir ? La somptueuse eau de source en nous coule Et son murmure est si doux qu’il roucoule
Des sons innés couvés par le pigeon Engorgé de la sève d’un bourgeon Destiné à être une jolie feuille Laissée à l’œil que seul son iris cueille.
Les dangers sont désormais écartés Et ont laissé leurs places aux clartés Divinement nimbées du blanc de l’ange Elevant les cœurs purs par la louange.