Ah, que j’apprécie une admirable écriture S’écoulant doucement d’un seul jet sans rature Après une pensée lavée de sa souillure Je suis gourmand de son exquise nourriture
Elle est née d’emblée de pleins et de déliés Dans la volonté de l’art calligraphié Aux bâtonnets droits comme un I sans dos pliés Exactement rangés parfaitement triés Aux fins de respecter du mot l’identité
Que désagréables sont tous ces solécismes Tombés dans les filets des grossiers barbarismes Pathétiques bourreaux du bel académisme Dont la littérature est l’athée catéchisme
Ah Nicolas Boileau, voudras-tu pardonner A ces esprits tordus qui veulent compliquer La situation d’une simplicité Telle qu’ils en oublient de bien nous l’expliquer
Tu l’avais asséné ce que l’on conçoit bien S’énonce clairement et les mots pour le dire Arrivent aisément qui peut compter combien De forts malentendus eussent pu se prédire
Si j’évoque le veau je n’écris pas la vache Idem pour le marteau a-t-il l’air d’une hache Je le note zéro le pédant qui se lâche A tenir un propos ténébreux qui me fâche
Redevenons sérieux après cet aparté Malicieusement imagé pour pointer Un langage ampoulé qui voudrait tant briller Qu’il reste confiné dans son obscurité
J’ai oublié Jourdain un illustre inconnu Qui prosait simplement sans l’avoir jamais su Jean-Baptiste Poclain que vous m’avez ému Avec ce gentilhomme au parler reconnu
Je forme un simple vœu pourvu que je sois lu Avec facilité ou que je sois pendu Dans l’embrouille à mini si je me suis complu J’espère cher lecteur ne t’avoir pas perdu.