C’est un artiste qui vit avec la tristesse Une amie qui sévit et par sa robustesse S’agrippe à sa paroi en accrochant ses doigts Sur des rugosités venues comme il se doit Avec quelques excès entrés dans son enceinte Qu’il soigne pense-t-il par des lampées d’absinthe Verte et bleue qu’il connaît en haut de Montlebon Où se casse la croûte autour d’un bon jambon De la charcuterie des rösti que la Suisse Vend au Français qui veut se raffermir la cuisse ; Mais sa soif est beaucoup plus dure que la faim Et même un filet de perche ou un églefin Cuisinés par madame Altorf une Romande Installée au Gardot où la langue gourmande S’invite fréquemment après avoir franchi La douane-zoll connue par l’esprit affranchi Ne le tentent que peu même l’odeur du beurre Qu’exhalent thym et ails ne lui semble qu’un leurre ; Non, l’artiste ne veut que pour son âme sainte Une cuillère de bleue ou de verte absinthe Et délaisse pâté saucisse et ce Comté Qui sur l’économie du pays à compté ; Ceci pour un génie est un filet d’urine Un pipi de moineau un couteau qui surine Le goulot étranglé d’une fiole d’alcool Que fêtent des amis pour que la nuit soit cool. La tristesse tient bon grâce à l’impolitesse Du cheval de Troie qui abrite la tristesse Qui lui boit tout son soul une fois dans les reins La renforçant autant qu’une cloche d’airain Sonnant le violent tocsin du crépuscule De l’artiste rongé devenu corpuscule.