Je ne recherche pas le secours du sauveur Qui me regarde peu, qui me regarde à peine Et ne sait pas si j’ai le goût de la saveur Du lait frais de brebis que je tète avec peine
Je ne redirai plus c’était bien mieux avant Au temps du bon vieux temps et de la faim au ventre De la chambre glacée et du maître savant Qui nous touchait le cœur de sa morgue en plein centre
Je ne parle pas des années toutes passées Dès la clarté du jour jusqu’à l’ombre du soir Des mamans harassées en partie dépassées Par le travail voulant ne pas les voir s’asseoir
Je me tais et ne dis plus jamais la prière Apprise par ma mère avant d’aller dormir Et quand sa main en l’air éteignait la lumière Ma gorge se nouait en m’entendant gémir
Naufrage du grand âge appelé par le fond Où plus noire est la nuit que l’encre de la Chine Qui s’écoule à flots en écrivant ce que font Partout les humains que la basse terre échine
Vieillesse, tu portes avec moi l’autrefois Des rires et des pleurs, des mille découvertes Et si j’ai encore un tout petit peu la foi C’est que les couleurs des espérances sont vertes.