En août, lorsque midi fait transpirer les roses, Qu’un air lourd et poisseux colle aux habits d’été, Que l’être humain se meut, douloureux, hébété, Tout semble insurmontable à la moindre des choses.
Le temps qui fut léger, hier comme naguère, Pèse de tout son poids, écrasant tout au sol Et même la grande tige du tournesol S’incline, tordue par la frappe meurtrière.
Ainsi, le rond de chaud réclamé à la ronde A raison du front haut et du torse bombé ; Beaucoup avaient marché sans ne jamais tomber, Les voici vacillants et le tonnerre gronde…
Le lendemain matin, les acteurs vont changer ; Le soleil s’est éteint, la pluie n’a eu de cesse Et rafraîchit autant roi, reine que princesse En chassant méchamment le terrible danger.
C’est ainsi que les hauts touchent vite les bas, Que les bas touchent les hauts à toute vitesse, Que Paris fait écho au vieux cri de Lutèce Et que Casablanca égalera Rabah.
Avons-nous les moyens d’être dans la moyenne ? Si trop calme est la mer, l’implacable océan S’apprête à emporter Zohra dans son néant Malgré la noblesse de sa veine algérienne.
A qui sont les acquis entassés sur du sable ? Ce que bâtit l’humain a pour liant le vent : Qu’importent clôtures, murs élevés devant L’élément mort-vivant qu’on croit indispensable.
Le trot n’équilibre pas le galop fougueux Et le riche est trop lisse aux yeux du rude gueux Dont les peaux en lambeaux s’affranchissent de gomme.
La vie a triomphé des chaleurs de l’été ; La femme continue d’aimer et d’allaiter L’épouvante autant que l’éblouissement : l’homme.