Vos
poèmes

Sur son écran blanc sans art, Jean
Voit défiler les cours en bourse
Si rapides qu’ils font la course
Avec la rivière d’argent

Quiète, coulant dans une île
(Sumatra, Bali ou Java)
Où les riches font la java
Autour de Monsieur Crocodile.

Les billets unis en liasse
Sont souvent convertis en or
Que gardera un mirador
Braqué sur le bec du rapace.

L’or vaut un argent incroyable
Tournant dans la batée d’acier
Sous des cous et joues émaciés
Dans une lutte impitoyable.

Quand la pupille s’écarquille,
Deux doigts tremblants vont se saisir
Dans un concupiscent plaisir
Du pétale jaune-jonquille.

Et entrent en tête maisons,
Parfums, motos, autos, Champagne,
Hôtels de luxe à la campagne :
L’été à toutes les saisons…

Dur ou mou, sans formol, l’or dure
Eternellement en bijou ;
Il est doux péché et joujou
Du rapiat, de la folle ordure

D’accord pour changer ce qu’il touche
En or et prenant un navet
Pour se nourrir, ce rat n’avait
Pas vu qu’avec lui la mort couche.

Les rutabagas de la guerre
Si rares valaient des milliards
De francs, de marks et de dollars
Qui, eux, ne se consomment guère…

Rêver même quand la nuit dort
D’un cheval en plus du Royaume…
Est l’avarice, l’axiome
Des adorateurs du Veau d’or !

Le vrai pécheur, le faux prophète
Passant pour d’excellents prêcheurs
N’empêcheront pas les chercheurs
De la félicité parfaite

D’un cœur en or pur à offrir
A son proche, à chaque seconde
Mais, depuis que le monde est monde
L’or loge au ventre et fait souffrir.